Si votre mère est comme la mienne, elle vous aura toujours dit d’éviter de parler de religion, de politique ou de hockey pour éviter de vous retrouver dans l’eau chaude pendant une discussion de famille. Aujourd’hui, j’ajouterais que le sujet de la tourtière est à éviter sur les médias sociaux si vous ne voulez pas vous retrouver k.o. en deux ou trois tweets d’ardents défenseurs de la Sainte-Tourtière.
À mes dépens, j’en ai fait l’expérience à deux ou trois reprises. Dès qu’on évoque le sujet, les tranchées se creusent et les déclarations de guerre sont lancées. En 2 ou 3 remarques cinglantes du type « Pow pow t’es mort, sinon j’joue pus! » ou « Mon père est plus fort que le tien! », c’est l’hécatombe. Et comme avec l’avènement des médias sociaux, tout le monde a une opinion et tout le monde est un expert, on se fait souvent assommer à coup d’arguments creux et de politesse déficiente.
Il faut dire que des articles du genre de celui qui a fait le désespoir (avec raison!) de Caroline Décoste, duchesse, blogueuse et tweeteuse, ne fait rien pour calmer le jeu. Dans l’article Tourtiere: A French-Canadian Twist On Christmas Pie, on mélange tout. Et on fait surtout quelques belles démonstrations: 1) c’est pas parce que c’est écrit dans le journal que c’est vrai et 2) le Québec est vraiment méconnu au Canada anglais!
Or, dans ce débat futile, alors que tout le monde défend SA tourtière, je crois qu’on passe à côté d’un aspect passionnant en tentant à tort et à travers d’avoir raison: comment le mot « tourtière » a-t-il voyagé, dans le temps et dans le monde, pour finalement désigner des plats entièrement différents? En me posant cette question, je dévoile clairement mon côté « nerd », mais pour moi, c’est vraiment là que réside l’intérêt de la chose. Non pas de savoir QUI a raison, mais plutôt de connaître comment le mot a évolué: le simple mot « tourtière » et son histoire peuvent, à mes yeux, illustrer l’histoire d’un peuple.
C’est pourquoi je mettrai sans doute la main sur un petit bouquin intitulé L’incroyable odyssée de la tourtière de Jean-Pierre Lemasson. Sociologue de l’alimentation, il a consacré 8 ans de recherche à la simple tourtière – c’est dire combien le sujet est vaste! À la simple lecture de cet article, ma curiosité était piquée et autrement satisfaite que par un débat idéologique et gastronomique.
À mes yeux, avoir raison n’est pas intéressant. Je m’adapte. Servez-moi de la tourtière, et si c’est bon, je mangerai de bon cœur, qu’elle soit de type pâté à la viande, tourtière du Lac-St-Jean, cipaille ou nouveau genre. Et racontez-moi l’histoire de VOTRE tourtière.
Chez moi, la tourtière est de type pâté à la viande. Celle de ma mère n’est pas la même que celle de mes tantes. Chacune a adapté la recette de ma grand-mère selon les goûts de leur petite famille. Chaque version est savoureuse, différente, mais chacune partage les mêmes origines. Chacune se veut réconfortante et évocatrice de souvenirs. On se rassemble autour de la tourtière – si on se divise pour si peu, j’ose à peine penser à ce qui arrivera lors d’un vrai débat!
On parle de tourtière, mais on pourrait aussi parler de plusieurs autres mots qui ont tout autant voyagé et qui tracent à eux seuls tout un pan de notre histoire… Est-ce que vous utilisez une bouilloire, une bombe ou un canard? Le cas de la tourtière est plutôt unique car le même mot désigne plusieurs réalités, alors que c’est généralement le contraire qui se produit.
Vous connaissez d’autres termes culinaires qui sont typiques à une région? Ils ne suscitent peut-être pas les passions comme la tourtière, mais j’aimerais bien les connaître! Et non, je ne veux pas savoir ce qu’est la VRAIE tourtière!
PS.: Je parie que les mots « tourtière » et « pâté à la viande » vont faire exploser le nombre de visites sur mon blog…
en cuisine, si vous n’avez pas de …….. prenez ………… ça fait pareil.
Pâte à tarte et viande de tourtres (l’oiseau) = tourtière
On dit que la tourtière a fini avec les tourtes. C’était trop bon!
Si vous n’avez pas de viande de tourtes prenez de la viande de …….
(de boeuf, de porc, de boeuf et de porc, de gibier, d’oie, de la viande quoi ….de n’importe quelle viande !)
Maintenant place à la créativité de grand-maman, de sa fille, de la tante sa soeur, de sa petite fille, et voilà que les hommes s’en mêlent le gendre avec la recette de sa mêre aussi le fils, voire le petit fils. Moi, j’assaisonne ma viande comme ceci, moi je mets gros comme ça de cela et à chacun son secret.
Moi j’aime les pâtés à la viiande car j’aime LA VIANDE !!!
rbilodo
dégustateur-saboriador